Une entorse au vivre-ensemble qui se perpétue, mais qui n’a pas son précédent avec l’épisode de l’Infasss (Institut national de formation d’action sanitaire et sociale). A quoi a-t-on été habitué dans cette République ? A un népotisme où, à certains postes des cabinets ministériels, l’on a vu installés des beaux-frères, des cousins, des gourous comme chef ou directeur de cabinet. Et dans les autres pans de l’administration, des conseillers ou chargés de mission puisés parmi les hommes de confiance, sans se soucier de leur compétence. GPON va-t-il eu tort de croire qu’à l’issue du concours de l’Infass nul ne rougirait du fait que celui-ci soit ethniquement coloré ?
Il pourrait probablement s’en défendre. Nous disions que GPON ne crée pas là un précédent. Parce que le régime Bongo, dès 1968, en a donné le « LA ». La mise en place d’une Garde présidentielle pour la sécurité du président de la République était certainement une idée bien fondée, mais sa composition axée sur les ressortissants d’une même ethnie brûlait les fondements du vivre-ensemble. Dès lors, des fantassins aux généraux de corps, en passant par les caporaux, sergents et toute l’autre panoplie de gradés, ont pris fait et cause pour le service d’un individu et non pas d’une institution. Les prémices la « familiarisation » de l’armée se fixaient. Cela s’est par la suite généralisé dans l’ensemble des corps administratifs et singulièrement ceux dits de souveraineté où l’on s’identifiait par l’ethnie.
Le ministère de la Défense, du sommet jusqu’à la base, le ministère de l’Économie et l’ensemble des directions les plus sensibles. Le corps de la magistrature. Les exemples sont légion. Oui, un énième concours vient de se dérouler pour l’Infass. Ironie du sort, le ministre est « Fang » et la majorité des admis sont issus de la communauté « fang ». Hier, un concours d’entrée dans le corps de la Garde républicaine (GR) a eu lieu. La majorité des admis provenaient de la communauté tétké. A qui ferait-on grief de ce que les plus gradés dans la police nationale sont issus de la communauté punu et qu’à la base, ce corps ait une forte influence punu ? Pourquoi la langue de communication dans les régies financières (Trésor, impôts. Douanes, etc.) est l’obamba ou le téké ? Le problème est général et grave. Il a un point départ : l’État PDG et sa construction de là l’administration fondée sur une répartition géo-ethnique des postes à tous les niveaux. Ce dosage a créé la rupture avec la forme de l’État hérités des pères fondateurs, où la compétence l’emportait sur l’ethnie, « Gabon d’abord » n’était pas qu’un slogan, ni une vue de l’esprit.
Les Gabonais de cette génération étaient des républicains Ils avaient un sens élevé de la République. Ils étaient mus par les valeurs qui la fonde. Le Gabon était leur raison de vivre et non pas leur moyen de vivre. La génération GPON et leurs modes opératoires sont des mélasses du système Bongo PDG. Le discours parait novateur, mais les réflexes sont ancien. Dignes héritiers de leur géniteur. La République du mérite a fait place à celle de médiocrité. Le mode opératoire de l’État-PDG est d’actualité parce qu’il se perpétue, à travers les cadets de ses fondateurs. Il a généré une faille profonde dans notre vivre-ensemble, brisant le sens de la solidarité nationale et du bien commun, des valeurs qu’avaient pourtant installées les pères fondateurs. Malheureusement, le principal perdant des conservateurs de l’État-PDG est Gabon.