La ministre a proprement ignoré les instructions de son chef, prises pourtant dans le cadre solennel du Conseil des ministres, en présence du chef de l’État, Ali Bongo Ondimba. Elle a plutôt choisi de ne recevoir que des avocats qui lui sont proches. L’objectif, selon nos sources, était d’essayer de bidouiller quelque chose d’autre à présenter au Conseil d’État afin de l’amener à revenir sur son arrêt pourtant clair. A savoir qu’au titre de l’article 59 de la loi qui régit la profession d’avocat au Gabon, le bâtonnier intérimaire doit être élu par ses pairs et non désigné par voie juridictionnelle. Sauf que la ministre ne veut pas de Me Lubin Ntoutoume, le bâtonnier sortant. C’est lui, au nom de la même loi, qui devrait organiser ce vote.
D’ailleurs, Me Gilbert Erangah et les autres auraient saisi à nouveau le Conseil d’État, lequel leur a pourtant déjà répondu. Dans son dernier arrêt du 28 avril 2023, la haute juridiction avait clairement indiqué qu’il n’était pas de son ressort de désigner un bâtonnier intérimaire. Il s’agit de savoir sur quoi comptent les contestataires pour faire changer d’avis au Conseil d’État. Surtout que des bruits de couloirs au Conseil d’État font état de fortes sommes d’argent qui seraient en circulation à cet effet. Reste que la garde des Sceaux brave le Premier ministre. Dans cette affaire, Antonella Ndembet Damas aurait toujours l’appui de sa collègue Denise Mekam’ne, ministre des Relations avec les institutions constitutions constitutionnelles. Pourtant, le département de la Justice ne manque pas d’urgences à régler.
Les magistrats sont en grève depuis décembre 2022. Une situation qui paralyse le fonctionnement de la justice. A moins qu’elle veuille démontrer par-là que le Gabon n’est pas un État de droit, qui peut se permettre le luxe d’évoluer pendant plus de six mois sans un appareil judiciaire fonctionnel. Sauf que la bravade de la garde des Sceaux risque de représenter une jurisprudence dans laquelle d’autres membres du gouvernement pourraient s’engouffrer.